Je voulais vous faire découvrir ou redécouvrir un magnifique livre de Pierre Rabhi que j'ai découvert voilà déjà plusieurs années et qui fait partie de mes livres préférés. A travers ce livre, Pierre Rabhi essaie de nous rappeler le lien qui nous unit à la Terre, terre nourricière que nous devons protéger et respecter car don de Dieu pour les Hommes et dépôt divin dont nous avons la responsabilité.
J'ai trouvé sur Internet une excellente introduction qui décrit d'une très belle façon l'idée générale du livre et qui j'espère avec l'extrait ci-dessous, vous donnera envie de le lire et de vous intéresser à la formidable action de Pierre Rabhi de promouvoir une agriculture noble respectueuse de l'environnement et des hommes.
"Sous la forme d'un récit, Parole de Terre dresse le bilan d'une civilisation qui, voulant dominer la Terre, la mutile, la torture et la désacralise. A travers Tyemoro, le personnage principal, s'expriment la souffrance et l'abandon dont sont victimes les peuples traditionnels du Sud, soumis à la logique désastreuse du productivisme agricole.
Cette initiation africaine, d'une portée universelle, veut nous ouvrir les yeux et alerter nos consciences sur les exactions commises à l'encontre de la planète, mais aussi à notre détriment car Pierre Rabhi nous le rappelle : notre destin est lié à celui de la Terre d'une manière irrévocable" (site www.watermuc.com)
"Peu à peu les hommes ne voulaient plus se contenter de tirer parti des bienfaits de la nature, mais la posséder. Ils apprirent à se hisser sur des animaux forts et rapides. Des groupes se dressèrent contre d'autres groupes. Ils façonnèrent des armes tranchantes, des piques, des épieux, des projectiles et toute sorte d'objets donnant la mort, et se mirent à disloquer la terre en infligeant la souffrance à leurs semblables. Ils ne disaient plus : "Nous sommes fils de la création", mais : "La création nous appartient". Certains se dressaient avec orgueil pour dire : "Le Grand Ordonnateur a fait ce monde pour nous. Le Grand Ordonnateur nous a dit de disposer de ce monde selon notre vouloir en soumettant toutes les autres créatures." Ils dirent : "Nous sommes princes, nous sommes les fils du Grand Ordonnateur".
Les êtres humains se sont dit à eux-mêmes : "Comme nous sommes importants ! Nous avons le discernement, nous sommes campés sur deux membres. Si nos pieds foulent la terre ordinaire, notre tête est une sphère issue des cieux !" [...]
Ainsi le discernement que le Grand Ordonnateur avait donné aux êtres humains pour comprendre, aimer, apaiser, exulter et répandre de la compassion dans la création, leur donna orgueil, violence et inéquité. Ils infligèrent à leur propre espèce et à toutes les créatures beaucoup de souffrances. Certains groupes se sont octroyé de grandes parts de la terre commune après en avoir chassé ou anéanti les habitants. Après cela, ils font savoir à travers le monde tout le respect qu'ils ont de l'homme et invitent tous les autres à les imiter. Les êtres humains ne savaient plus vivre sans exalter la force brutale, sans dévotion à l'habileté au meurtre et sans juger de la valeur par le fort et le faible, le nanti et le dépourvu. Il y eut parmi eux des êtres qui disaient : "Regardez comme la création est digne d'émerveillement ! N'outrageons pas son visage, ne troublons pas l'ordre qui la gouverne. Soyons plus reconnaissants et soyons reconnaissants à Son Créateur. Reconnaissons à toute créature le droit à la vie !" Mais ces êtres n'étaient point entendus, car ils allaient à l'encontre de ce que les êtres humains souhaitaient, de leur sens, de leur désir de puissance, de la peur à jamais liée à leur coeur. Les êtres humains se firent entre eux tant de compliments, se dirent tant qu'ils étaient considérables, que cela se confondit intimement à leur esprit. Alors leur regard perdit toute humilité et ils se dirent immortels. [...]
En donnant naissance aux êtres humains, le Créateur attendait peut-être d'eux l'admiration et la contemplation des agencements qui font la création si belle et si variée de couleurs, de parfums, de bruits, de forme, de saveur. Mais au lieu de chercher leur place au sein de ce grand miracle, les êtres humains ont voulu accaparer le miracle pour l'asservir. Ils y ont répandu de nombreux poisons, corrompu le souffle, l'eau, la terre, le ciel au-dessus de leur tête. L'aigle s'élevant très haut dans le ciel voit la terre en feu. Il voit les êtres humains pillards de leur propre bien. Il voit les uns dilapider, car l'abondance a tué en eux la satisfaction, et des foules de pauvres qui n'ont plus de salive ni de nourriture pour leurs enfants. La misère les berce lentement dans son sein d'agonie. Et l'aridité, comme une lèpre, s'étend sur la terre qui les nourrissait. L'aigle s'élevant très haut dans le ciel sait qu'en tout cela il n'est pas un juste ordonnancement. [...]
Il y a aussi des êtres humains que le discernement éveille au respect. Ils éduquent leur progéniture en leur disant : "Sachez que la création ne nous appartient pas, mais nous sommes ses enfants. Gardez-vous de toute arrogance, car la terre, les arbres et toutes les autres créatures sont également enfants de la création. Vivez avec légèreté sans jamais outrager l'eau, le souffle ou la lumière. Et si vous prélevez de la vie puor votre vie, ayez de la gratitude. Lorsque vous immolez un animal, sachez que c'est la vie qui se donne à la vie et que rien ne soit dilapidé de ce don. Sachez établir la mesure de toute chose. Ne faites pas de bruit inutile, ne tuez pas sans nécessité ou par divertissement. Sachez que les arbres et le vent se délectent de la mélodie qu'ensemble ils enfantent, et l'oiseau, porté par le souffle, est un messager du ciel et de la terre. Soyez très éveillés lorsque le soleil illumine vos sentiers, mais lorsque la nuit vous rassemble ayez confiance en elle, et si vous n'avez ni haine ni ennemi, elle vous conduira sans dommage sur ses pirogues de silence jusqu'aux rives de l'aurore. Que le temps et l'âge ne vous accablent pas car ils vous préparent à d'autres naissances, et dans vos temps amoindris, si votre vie fut juste, il naîtra de nouveaux songes heureux pour ensemencer les siècles."
Ces gens sont assurément dans la vérité des choses, mais les assauts destructeurs de ceux qui tiennent la création pour leur bien ont raison de tant d'innoncence. Et ceux qui tiennent la création pour leur bien érigent à la liberté des monuments, exaltent la lumière et parlent sans cesse de la justice comme pour mieux la trahir derrière les remparts de leurs richesses et de leur aptitude à foudroyer le monde. Ils pensent que la liberté peut se construire sur l'asservissement des êtres humains et des exactions contre les créatures innombrables immolées pour leur seule langue ou leur pelage échangés contre des cauris. De même que le buffle ne peut engendrer l'aigle, de la servitude ne peut naître la liberté..." (pages 128 à 135)