Par cet extrait de livre, je veux vous faire réfléchir sur la place de l'arbre dans nos vies. Apprenez à le regarder, à le caresser, à vous imprégner de son odeur, à l'écouter parler dans le vent, à le remercier pour tout ce qu'il nous donne par la Volonté divine. Apprenez à vous poser sous son ombre et à remercier Le Créateur.
"Les autres ressources offertes par les arbres
L'usage du bois est sans doute le premier auquel on songe à propos de l'arbre ; mais il offre bien d'autres ressources d'ordre socio-économique ; dans certaines conditions, il constitue même l'élément sur lequel repose toute une culture.
Comme l'a expliqué Mohamed Bouchentouf (ingénieur d'Etat en agrnomie, Ouargla, Algérie),c'est par exemple grâce au palmier-dattier que les hommes ont pu se sédantariser dans le Sahara : le dromadaire leur a permis d'explorer le désert, et le palmier-dattierd'y vivre. Là-bas, la datte, consommée fraîche ou sèche (certaines peuvent se conserver pendant vingt ans), est pratiquement l'aliment de base ; les palmes servent à construire des brise-vent, à stabiliser les dunettes, à éviter que le sable n'envahisse les exploitations agricoles ; les brochettes des régimes de dattes, très riches en éléments minéraux, sont utilisés par les éleveurs comme complément dans l'alimentation des ovins et des dromadaires.
Même si les différentes ressources qu'offre l'arbre sont présentées séparément ci-dessous, il faut souvent garder à l'esprit que, bien souvent, les différents usages sont liés les uns aux autres, et complémentaires.
L'alimentation
Les arbres produisent toutes sortes de fruits. Leur feuillage est parfois utilisé comme fourrage pour les animaux, notamment en zone aride ou semi-aride. Les érables du Canada fournissent du sirop. Les fleurs des acacias et d'autres arbres sont utilisées par les abeilles pour produire du miel . En Malaisie, les palmiers sagou fournissent aux Penans l'amidon qui est nécessaire à l'alimentation ; la chasse se fait avec la sarbacane, fabriquée avec les racines d'un arbre au bois très dur, le tanyit, et avec un poison tiré du latex d'un autre arbre, le tajem.
Des matières premières variées
Les arbres fournissent des matières premières variées, qu'il s'agisse des fibres de coco, du liège, des palmes, de la résine, de différentes sortes d'huiles et de gommes comme l'huile de palme, la gomme arabique ou le caoutchouc.
Chez les Penans, certaines feuilles sont utilisées comme toiture, d'autres servent à fabriquer des torches. L'essence principale qui est utilisée dans la fabrication du parfum français Channel n° 5 est extraite d'un arbre du Brésil, le pao-rosa. Le palmier tagoua produit l'ivoire végétale qui se travaille comme l'ivoire des défenses d'éléphants et sert de produit de remplacement pour cette dernière. Au Japon, la sève de l'arbre appelé urushi, qui pousse partout dans le pays, est à la base de la laque avec laquelle on fabrique aussi bien les tables ordinaires que des sculptures merveilleuses ; le nom Japon signifie d'ailleurs laque.
L'extraction de certains de ces produits ne nécessite pas la coupe de l'arbre ; ils peuvent offrir des ressources précieuses pour instaurer une gestion durable.
La pharmacopée
Beaucoup de molécules actuellement utilisées dans la pharmacopée viennent des arbres de différents continents ; le plus connu sous les climats tempérés est le saule, à partir duquel est fabriquée l'aspirine ; la feuille de l'if contient une substance utilisée dans le traitement de certains cancers. Claude Anyouzogo (docteur en linguistique, Cameroun) a présenté l'écorce d'un arbre du Cameroun dont les propriétés pourraient selon lui concurrencer celles de l'aspirine et la nivaquine.
Chris Elliot (directeur, à l'époque du colloque, de la campagne "Forest for Life" de WWF International, Gland, Suisse) a présenté un autre arbre du Cameroun, le Prunus africana, dont l'écorce contient un produit qui a la propriété de soigner et peut-être de guérir le cancer de la prostate ; l'exploitation de cette écorce peut se faire sur le modèle de celle du liège, c'est-à-dire sans couper les arbres. Le Mimosa pudica, plante de sous-bois dont les feuilles se retractent quand on les touche, est cultivé en Asie du sud-est pour ses propriétés dans les soins apportés aux brûlures.
Selon des chiffres indiqués par Guy Reinaud (président de Pro-Natura International, Paris), 60 % des médicaments modernes sont fabriqués à partir de végétaux et notamment des arbres, et les spécialistes estiment que seulement 0.50 % de la biodiversité a été exploité ; si nous savons protéger celle-ci, un nombre incalculable de nouveaux médicaments pourront être mis au point."
Les fonctions de la forêt
La plupart des fonctions de la forêt sont traditionnelles et bien connues ; d'autres ont été mises en évidence plus récemment par les conséquences qui ont suivi la destruction de certaines forêts.
La régulation du cycle de l'eau et la fixation des sols
Le rôle que la forêt joue dans la régulation du cycle de l'eau est souvent méconnu : les forêts constituent des réservoirs d'humidité, assurent un filtrage de l'eau et contribuent à stabiliser le climat ; la végétation joue également un rôle décisif contre les inondations. C'est ainsi, par exemple, que les inondations périodiques dramatiques au Bangladesh trouvent l'une de leurs causes principales dans les déboisements en amont, notamment au Népal.
La forêt contribue également à fixer le sol, à empêcher le déclenchement d'avalanches et à freiner les chutes de pierres. En Suisse, entre le XIIIe et XVIIIe siècle, la pression démographique et le besoin croissant de matière première ont conduit à abattre beaucoup de forêts et à ouvrir celles qui restaient au pâturage. Au milieu du XIXe siècle, les inondations, les avalanches, les chutes de pierre et les glissements de terrain se sont mulitipliés, et n'ont régressé qu'avec le reboisement du pays. Sans la forêt, de vastes zones du pays seraient inhabitables ; de plus, l'entretien de forêts assurant cette fonction de protection coûte dix fois moins cher que la mise en oeuvre de mesures techniques.
Un conservatoire de biodiversité
La forêt abrite de nombreuses espèces de végétaux et d'animaux qui ont été utilisés depuis les origines de notre histoire et continuent de l'être aujourd'hui par des millions d'hommes.
En Suisse, l'écosystème forestier héberge près de vingt espèces ligneuses, cinquante espèces arbusives, deux mille plantes vasculaire, et vingt mille espèces animales. Alors que la forêt ne couvre que 30 % du territoire, elle contient 70 % des espèces animales et végétales de tout le pays. Son rôle est donc essentiel dans la conservation de la biodiversité.
La biodiversité des forêts tropicales est encore beaucoup plus riche. Plus de 50 000 espèces de plantes vasculaires ont été identifiées dans la forêt amazonienne ; il en reste encore beaucoup à découvrir. Cette diversité peut s'expliquer par la thérie du refuge : au cours du temps, les variations de températures ont entraîné la formation d'ilôts dans lesquels se sont développées des sous-espèces. La forêt amazonienne est de toute façon tellement étendue que certaines espèces évoluent différemment d'un endroit à l'autre, en fonction de légères différences du climat ou du contexte biologique."
Extrait du livre "l'arbre et la forêt du symbolisme culturel à ... l'agonie programmée ?", dossier pour un débat, de Elisabeth Bourguinat et Jean-Pierre Ribaut, éditions Charles Léopold Mayer